à propos

NELLY ALLEGRAUD

NELLY MAURIN

Nelly nous a quitté le 25 mai 2017 à 10H à l’âge de 61 ans.
Elle a accompagné dans cette quête de l’art un grand nombre de femmes et d’hommes à qui elle a su communiquer cette classe qu’elle portait en elle, ces ingrédients de finesse qui permettent de VOIR, ENTENDRE.

Combien de fois nous a t-elle cité cette pensée de Pascal :
« L’imagination se lassera plus vite de concevoir que la nature de fournir »
Au revoir Nelly,

Nelly était titulaire d’une Licence D’arts Plastiques – Faculté d’Arts Plastiques de Paris I St Charles et d’un diplôme National Supérieur D’expression Plastique – -Option « ART » – Ecole des Beaux-Arts de Montpellier
1990/2012 nombreuses expositions en France et à l’étranger.

« J’ai toujours peint, avant et pendant mes études aux Beaux Arts de Montpellier, guidée par Vincent Bioulès, Daniel Dezeuze et Dominique Gauthier.
En fin d’études, j’ai opté pour un diplôme  » volume / installation  » : la part cachée.
Je travaillais alors sur la notion de  » l’intériorité », de ce qui est au dedans d’un objet ou d’un être, qui n’appartient qu’à lui-même :
Dans cette démarche, j’ai construit de très grands volumes sombres de forme énigmatique, certains ponctués de quelques feuilles d’or, en clair-obscur et dans lesquels, parfois, on pouvait pénétrer….
Ils recélaient du son, des miroirs, de l’eau, et surtout de la lumière mais ne délivraient que parcimonieusement l’idée de leur contenu : métaphore du secret des êtres.
Plus tard, j’ai eu envie de revenir à la peinture avec un travail sur certains objets « simples », des présences silencieuses que d’autres ne remarqueraient pas et devant lesquels parfois je me sens émue, éblouie…
Dans « Autoportrait au radiateur », Christian Bobin écrit : « À la question toujours encombrante : qu’est ce que tu écris en ce moment, je réponds que j’écris sur des fleurs et qu’un autre jour je choisirai un sujet encore plus mince, plus humble si possible… Ce qui fait événement, c’est ce qui est vivant, et ce qui est vivant, c’est ce qui ne se protège pas de sa perte. »
Les végétaux, éphémères, ont en particulier une présence singulière. Ils sont pour moi comme des objets précieux.
Certains possèdent de façon étonnante une plastique anthropomorphique voire remarquablement suggestive, étonnante de complexité chimérique : rondeurs et courbures sensuelles, plissements et replis obscurs, failles ténébreuses, concavités énigmatiques et secrètes. Leurs couleurs sont subtiles et audacieuses ; leur texture lisse et bosselée, marquée de blessures passées :
Un curriculum vitae.
Le pédoncule est érigé comme une apostrophe.

Sur de grands formats, ils sont peints, seuls, isolés de tout contexte ordinaire comme une mise à distance des êtres rares. Les fonds sont monochromes, silencieux, blanchis par-dessus le blanc vierge de la toile, écrins ouatés et muets qui mettent en exergue leur excentricité : ils semblent y flotter en lévitation, intemporels, évoquant d’étranges créatures d’ une mystérieuse beauté.« 

Nelly ALLÉGRAUD

N°1 PHOTO COURGE HUILE 150CMX150CM JPG
A U B A I S – PRINTEMPS 2007 – Salles voûtées du château
Exposition « DU FÉMININ DANS LA PEINTURE » – HUILE 150 cm x 150 cm
« C’EST LA OUATE QU’ELLE PRÉFÈRE… »
Cette courge est pour moi la métaphore de la sensualité.
Je choisis une dérive personnelle à la banalisation des images du corps de la femme censées nous parler de « féminité ».
Car la féminité est complexe, ambiguë, et la sensualité inattendue, parfois grave, parfois mutine…d’où mes choix non anodins de la courge et de la ouate…
A l’image du corps, je préfère donc la métaphore par l’objet.
À trop montrer, on perd l’essence même du sujet. Cette courge possède une présence singulière.
De façon étonnante, elle possède une plastique anthropomorphique voluptueuse, remarquablement suggestive, étonnante de complexité chimérique :
Rondeurs et courbures sensuelles, plissements et replis obscurs, gorges profondes, failles ténébreuses, concavités énigmatiques et secrètes.
Sa couleur est subtile et audacieuse. Sa texture lisse et bosselée est marquée de blessures passées : un curriculum vitae.
Le pédoncule est érigé en son centre comme une apostrophe.
Elle est peinte, seule, isolée de tout contexte ordinaire comme une mise à distance des êtres rares.
Le fond est silencieux, blanchi par-dessus le blanc vierge de la toile, écrin ouaté et muet qui met en exergue son excentricité : elle semble y flotter en lévitation, intemporelle, telle une étrange créature d’une mystérieuse beauté, comme un objet précieux.

N° 2, 3, 4 PHOTOS HUILE 61X46 CM
Certaines figures du potager ou du verger sont comme des objets précieux
Ils ont une présence singulière.
Tantôt ils sont peints seuls, tels des êtres particuliers.
Les fonds sont monochromes silencieux blanchis pardessus le blanc vierge de la toile.
Écrins muets qui mettent leur excentricité en exergue.
Parfois sous des angles inhabituels qui déstabilisent notre observation ordinaire ils semblent y flotter en lévitation intemporels évoquant d’étranges créatures étonnantes de complexité chimérique.

N° 5 UNE PHOTO HUILE 130 cm x 81 cm 
Cet objet.
Architecture autodidacte, élaboration inédite mais atavique.
Complexité chimérique avec plissements et replis obscur, failles ténébreuses.
Couleur subtile, audacieuse mimétique et précieuse.
Texture lisse et bosselée, semées de sombres blessures secrètes, un curriculum vitae.
Pédoncule érigé comme une apostrophe.

Textes de Nelly Allegraud