Portfolio

ART ET TERRITOIRE VISA CABANE

VISA CABANE

Les cabanes de pêcheurs du Canal de Lunel à l’étang de l’OR
Route de la mer dans la direction de la Grande-Motte. Pays de Lunel.

1 INVENTAIRE
101 CABANES
5 visas
35 heures de navigation
16 dimanche, passés à table

Journées Européennes du Patrimoine 2006.

Service culturel de la ville de Marsillargues.

Formellement contrainte par le cahier des charges de ma mission officielle pour le service Culture de la ville de Marsillargues les Journées Européennes du Patrimoine, je me laisse dans mon étude progressivement contaminer par un regard plus personnel sur le territoire.
Je m’éloigne du Château de Marsillargues de 1305, pur style Renaissance Méridionale, dit de Guillaume de Nogaret, pour y préférer : « les cabanes de Marsillargues », cabanes de pêcheurs du canal de Lunel à l’étang de l’Or. 

Septembre 2005 je réuni une équipe d’experts passionnés, disposés à prendre ce chemin de traverse avec moi, l’expédition durera 273 jours sur une distance de 2000 mètres aller-retour.

Marie José DOUTRES plasticienne, enseignante à l’École d’architecture Languedoc Roussillon.

Sylvain BRINO plasticien de l’environnement, enseignant à l’École des Beaux Arts de Montpellier agglomération. Cabanes rêves et réalités : atelier de fin de cycle des étudiants de l’École des Beaux Arts de Montpellier.

Patricia CARLIER historienne. Débats et conférence : Les cabanes à sel.

Jean Paul ROUYRE architecte, enseignant à l’École d’architecture Languedoc Roussillon.

Couleur Cabanes photos 1971/1976

Christian JACQUELIN conseiller pour l’ethnologie, responsable du patrimoine maritime

DRAC, Languedoc Roussillon. Réalisateur du documentaire : « A la revoyure ! Joseph le cabanier »

René BESSIÈRES ancien maire de Marsillargues.

Francis DUMAS cabanier et chasseur.

Jean Pierre VEDRINES écrivain.

 

VISA CABANE

101 CABANES : 1 INVENTAIRE numéroté réalisé avec le plan cadastral.

Chemin de la station, chemin de la passerelle, chemin de la verne, chemin des Rajols, chemin e la Pyramide.

5 VISAS :

Fiche typologique. Certificat d’authenticité validée par le cabanier .nom, prénom, et adresse,  numéro d’inventaire à la date de délivrance du visa.

Le choix des cabanes, sera guidé par leur particularité, les mouillées, les à sec, en bois, en dur… la cabane bien de famille. (5 cabanes)

Planches 30X40 technique mixte en noir et blanc, agrandissement numérique 90X120 pour les besoins de l’exposition.

Micro-société pour un bonheur à la taille humaine, ou se côtoient et s’entremêlent des humains qui nulle part ailleurs, ne pourraient être complices.

C’est ici comme sur le fil entre dedans et dehors

C’est ici comme sur le fil entre ancre et voyage

C’est ici comme sur le fil entre nomadisme et sédentarité

C’est ici comme sur le fil entre éternel et provisoire

C’est ici comme sur le fil entre adulte et enfance…

Marie-José Doutres exerce un voyeurisme bienveillant sur ce monde hétéroclite et attachant des cabaniers, sur ces habitats où l’on entre sur la pointe des pieds s’imprégner d’un privilège.

Cabanes de possession sans propriété, de recyclage avant l’aire de l’écologie bien pensante.

Cabanes d’« imagination au pouvoir » ou la lampe à pétrole fait son pied de nez insolent  à l’halogène.

Cabanes ou se côtoient et s’entremêlent des humains qui, nulle part ailleurs, ne pourraient être complices.

Sur le fil entre terre et eau, entre pragmatisme et rêve…

Ultime part de jeu et de légèreté dans un monde d’efficacité poussée à l’intégrisme.

Micro-société pour un bonheur à taille humaine…

Cabanes de bric et de broc,

Bric à brac ou maison de poupée,

Refuges de pêcheurs, de chasseurs, pour jouer aux Robinsons ou à la dînette, une fois encore…

Cette exposition n’est pas un témoignage de notre époque mais plus une fresque sociologique : celle de ces individus cramponnés à leur rêve d’enfant comme au pompon du manège de la fête foraine…

Celle de ces grands enfants appliqués à serrer dans leur menotte le fil fragile d’un ballon à l’hélium et qu’ils ne peuvent plus quitter des yeux.

Des jardins municipaux de St Gilles aux plages de l’Espiguette en passant par les écluses du Rhône, Marie-José Doutres, chef d’orchestre de cette exposition collective, spécialiste de l’inventaire, n’en est pas à son coup d’essai.

Elle nous oxygène de son art vif pointu et sincère inspiré par cette humanité toujours insolite, en dissipant les miasmes d’une Camargue-cliché reproduite souvent jusqu’à la nausée.  Elle nous donne à connaître le visage enfin purifié d’une contrée méconnue à force d’être réduite.

Geneviève SARGUET
Cargèse le 11 septembre 2006

 

ARCHEOLOGIS
Photographies 2011
Sylvain BRINO

L’histoire des cabanes est complexe. L’évolution visible de leur typologie révèle bien l’inexorable glissement vers la banalisation et la perte du rêve.
Austères à l’origine, construites en bois : planches clouées revêtues de bidons déroulés en fer blanc et goudronnées pour résister à l’air marin, les cabanes sont devenues ensuite pimpantes, parentes pauvres de l’aménagement du littoral qui se refont une beauté.
L’application de fonds de pots de peintures sur le goudron protecteur, stratification contre nature, a crée des réactions épidermiques étonnantes, un univers de textures craquelées, véritables macrophotographies de peintures anciennes.
Mais au delà du pittoresque, derrière ces constructions de « briques et de brocs » se joue maintenant, dans les huis clos des volets refermés, l’acte de l’oubli.
Au travers des planches disjointes, dans la pénombre, l’on entrevoit tous les accessoires d’une vie qui fut joyeuse, riche de petits riens, le bonheur de l’essentiel, la gastronomie sans Moulinex.
Espace minimal, décoré d’objets souvenir, purgatoire des pièces dépareillées, trésors de matériaux à recycler, en attente…
Chaque époque a produit ses vestiges et le cycle des saisons dépose sa patine de fine poussière, qui unifie et apaise les querelles de style.
Les rideaux sont tirés sur le pont des soupirs…

In memoriam, zézé, Joseph, Claude et les autres. Sylvain Brino.

ÉDITION : Techniques et Culture.
Éditions de la Maison des Sciences de l’Homme. CNRS.
École des hautes études sciences sociales.
Région PACA
Habiter le temporaire. Habitations de fortunes, mobiles et éphémères.
Numéro : 56 – 1er septembre 2011.
Page: Archéologis.
Cabanes de l’étang de l’Or: impressions Sylvain Brino pages 262 à 274.

Extrait :
5 – Ces compositions offertes et silencieuses sont bien à l’origine de mon travail, dans le projet de restituer cet état de latence. Dans un temps suspendu, les objets, rassemblés en compositions improbables, laissent entier le mystère du scénario de l’abandon.
Cette question devient le sujet véritable ; l’investigation reste vaine.
Nous devenons spectateur – enquêteur – protagoniste d’un scénario dont le sens nous échappe en l’absence forte des véritables acteurs.

Sylvain BRINO Plasticien designer

Enseignant titulaire à la retraite de l’École Nationale des Beaux Arts de Montpellier.

Chargé de cours à l’Unité Pédagogique d’Architecture de Montpellier Région Occitanie.

Créateur d’un observatoire des pratiques ART et TERRITOIRES d’intervention IN SITU.

sylvainbrino@gmail.com

VISA H1280.09/2006 Chemin des Rajols
Maurice Sanson. Cabanier/Chasseur

Devise : Quant il y en a pour 2, il y en a pour 30

Vous êtes à la cabane d’Antoine, anciennement cabane des Nîmois.

En 1920, elle était toute en bois, habillée de boites de conserve ouvertes et clouées sur la paroi en planche. 4 blocs de ciment, une ossature bois, un plancher et une tonnelle.

En 1994, on a tout rasé et on a refait., ça n’a rien changé, la cabane a gardée ses habitudes et ses habitués. En principe je viens chaque fin de semaine, à l’époque d’Antoine mon père, un cabanier ne mangeait jamais seul. Le samedi soir les chasseurs se donnaient rendez-vous à la cabane d’Antoine pour passer la soirée, chacun chantait la sienne, on y venait à vélo.

En 1924, j’ai vu passer les barges sur le canal que les mulets halaient. Mon oncle le Grand Cantou, appelé ainsi parce qu’il mesurait 2 mètres, était adjudicataire de la sagne (roseaux des étangs) il la faisait charger par les péniches.
On coupait la sagne à pied, du côté des Rajols. Du pont du lièvre jusqu’à la canalette, des 4 lévadons à la première cabane de Poupon. Les gerbes étaient destinées à la vigne. On les posait entre les rangées pour éviter que le sable vole.

2006 déjà ! À l’heure actuelle je suis le plus ancien des cabaniers.
Chez moi on peut choisir sa chaise, souple, profonde, avec accoudoir, ou réglable, on peut aussi réserver sa chaise… j’en ai 50…
Ce qu’il faut savoir, c’est que la table mesure une longueur de bras. Que l’abri pour le soleil est à hauteur d’homme, tout est à portée de la main. On peut ainsi, ici facilement prendre un verre.

Tous les dimanches matins à 8h, le petit déjeuner du retour de chasse se fait à la cabane, on ne sait jamais ce que l’on mange. Aujourd’hui c’est un dimanche maigre, beaucoup ne sont pas là !
Depuis 5 ans José, boucher charcutier traiteur à Nîmes rue des Tilleuls, parue dans le « petit futé » nous porte « les rabalinques », les restes, les invendus…
José ne chasse pas il vient pour le plaisir, le dimanche il ne cuisine pas, il assure la bonne humeur.
Ils sont aux cabanes depuis hier 19h, ils ont dormi dans le gabion sur l’étang, il est 11h30.
José fait bien les choses, il reste « des restes » des restes on partage et on rentre à la maison.

Maurice

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